
17 février 2022
Assortie d’une période de sûreté de 22 ans.
Le 14ème jour du procès de Nordahl Lelandais s’est ouvert ce jeudi 17 février par les réquisitions du ministère public. Malgré un manque de preuves, l’avocat général Jacques Dallest estime que le motif sexuel dans la mort de la petite Maëlys ne fait aucun doute.
« Vous rendrez justice à Maëlys en déclarant Nordahl Lelandais grand criminel, grand prédateur et de le condamner à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans », a conclu Jacques Dallest face aux jurés. A l’image des plaidoiries des parties civiles hier, l’avocat général a décrit Lelandais comme un prédateur sexuel « doublement meurtrier qui doit être condamné ».
Jacques Dallest a demandé aux jurés de répondre « oui » à toutes les questions posées par la présidente de la Cour d’Assises de l’Isère, mais aussi de retenir la récidive légale après la condamnation de l’ex-militaire pour le meurtre d’Arthur Noyer.
Me Jakubowicz : « C’est un meurtrier mais pas un tueur en série »
Lors de la plaidoirie de la défense, Me Jakubowicz est revenu longuement sur le rôle des médias dans ce procès. Ils ont selon lui perturbé le déroulé des investigations mais surtout la perception des jurés sur son client.
Durant ses plus de deux heures de plaidoirie, l’avocat a expliqué que l’image de « monstre » décrite dans certains médias était selon lui erronée. Pour cela, il s’est basé sur les déclarations lors des trois semaines d’audience des proches de Nordahl Lelandais. Il a en effet été décrit comme un ami « serviable » et aucun d’entre eux semblent n’avoir décelé une trace de sa noirceur révélée après la mort de la petite Maëlys, contrairement aux avis des experts.
« On a cherché quelque chose d’extraordinaire » en vain, selon Me Jakubowicz. « Lelandais : il nous ressemble » a-t-il déclaré au milieu de la salle d’audience.
Lors de leurs auditions, lundi et mardi, plusieurs experts psychologues et psychiatres ont eux assurés que Nordahl Lelandais présentait les signes d’une personnalité « psychopathe ». « C’est facile de réécrire l’histoire quand on connaît la fin », a déclaré Me Jakubowicz en réponse à ces différentes analyses.
#Lelandais : @JakubowiczA "Ils sont bien gentils tous ces experts, qui sont capable de dire tout et son contraire. Personne, ni les amis, ni les parents, n'ont entendu parler du moindre écart sérieux. On a fouillé. On n'a rien trouvé. C'est le mythe du Nordahl Lelandais violent."
— Radio Isa (@RadioIsa38) February 17, 2022
La question du viol présumé de Maëlys
Me Jakubowicz est aussi revenu sur l’ensemble du déroulé de la nuit du 26 au 27 août 2017 à Pont-de-Beauvoisin. Il a rappelé qu’aucun élément du dossier ne permet d’établir que Nordahl Lelandais aurait violé la fillette de 8 ans et demi.
S’il est bien conscient que les déclarations de son client sont devenus de plus en plus difficile à croire, Me Jakubowicz a appelé les jurés à se baser uniquement sur les preuves qui ont pu leur être apporté.
#Lelandais @JakubowiczA : "Ce que je sais c'est qu'il a menti, qu'il a beaucoup menti. Il a consommé l'intégralité de son capital crédibilité. C'est peut-être autant le crime d'après, que le crime lui-même qui lui est reproché. (...) Vous jugez un crime, pas un comportement."
— Radio Isa (@RadioIsa38) February 17, 2022
Plus tôt dans l’après midi, sa collaboratrice Me Valentine Pariat avait déjà appelé de son côté les jurés à se baser uniquement sur les faits. Si elle ne nie, ni ne minore les faits d’agressions sexuelles de Nordahl Lelandais sur ses deux petites cousines âgées de 4 et 6 ans en 2017, l’avocat a demander aux jurés de ne pas transposer ces faits sur le meurtre de Maëlys.
#Lelandais @JakubowiczA s'adresse aux jurés : "L'intime conviction ce n'est pas un sentiment, une émotion, une intuition. Ce n'est pas une intime supposition."
— Radio Isa (@RadioIsa38) February 17, 2022
Me Pariat avait également réfuté les accusations de la partie civile comme quoi Nordahl Lelandais consulterai des sites pédopornographiques, notamment le jour et le lendemain de la disparition de Maëlys. L’avocate a notamment assuré aux jurés que les catégories de vidéo visionné par l’ex-maitre chien de Domessin n’ont rien de pénalement répréhensible et restent légale.
Le verdict est attendu ce vendredi 18 février
La plaidoirie de Me Jakubowicz s’est terminée par une sorte d’appel à l’espoir. Il a en effet assuré que son client avait commencé un chemin « long et douloureux vers la rédemption ». Il a notamment cité le retour aux études de Nordahl Lelandais – récemment diplômé en prison du Brevet des collèges –, mais aussi de ses nouvelles lectures bouddhistes et sa tentative d’arrêter de fumer.
Pour conclure sa prise de parole, Me Jakubowicz s’est encore une fois adressé aux jurés pour leur rappeler que leur « décision n'a pas à faire écho à l'opinion publique, mais à faire écho à l'indépendance de la justice française ».
A la sortie de l’audience, Me Jakubowicz a encore été peu bavard auprès des journalistes, mais en a profité pour faire le bilan de ces trois semaines d’audience.
L’heure était également au bilan pour Me Boguet, l’avocat du père de Maëlys.
Me Rajon, l’avocat de la mère de Maëlys, s’est lui dit satisfait des réquisitions de l’avocat général plus tôt dans la matinée.
Par Thomas Bantchik
L'intégralité de cette journée d'audience est à revivre sur le compte Twitter de Radio ISA.