Disparition de Marie-Thérèse Bonfanti : le suspect a reconnu avoir étranglé la victime

[Mise à jour 12/05/22 17h45] Le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, confirme qu’un suspect a reconnu avoir tué Marie-Thérèse Bonfanti en mai 1986 à Pontcharra.

Il s’appelle Yves Chatain et faisait déjà parti à l’époque en 1986 des principaux suspects. La voiture de Marie-Thérèse Bonfanti avait été retrouvée devant sa propriété. Malgré quelques imprécisions lors de de sa garde à vue et celle de sa compagne, il avait finalement été laissé libre, faute de preuve.

Yves Chatain est finalement passé aux aveux après un interrogatoire des gendarmes en fin de semaine. Il a été mis en examen lundi dernier pour « enlèvement », « séquestration » et pour « meurtre » et placé en détention provisoire.

Yves Chatain a expliqué avoir eu une violente altercation verbale avec Marie-Thérèse Bonfanti à cause de sa voiture qui gênait le passage devant sa propriété. Il assure aux gendarmes être ensuite rentré chez lui. Marie-Thérèse Bonfanti serait alors retournée le voir pour lui demander de s’excuser. C’est à partir de là qu’il l’aurait tué en étranglant la jeune femme de 25 ans et mère de deux enfants – âgés de 4 ans et 6 mois à l’époque.

Yves Chatain aurait ensuite mis le corps sans vie de la victime dans sa voiture avant de prendre la route sur quelques kilomètres. Yves Chatain a expliqué aux enquêteurs avoir abandonné sa dépouille au milieu de la nature.

Selon le procureur de la République de Grenoble, Yves Chatain se montrerait coopérant avec les enquêteurs pour tenter de retrouver le lieu où repose le corps de Marie-Thérèse Bonfanti.

Yves Chatain était déjà connu de la justice. En 1979, âgé alors de 14 ans, il avait agressé une jeune femme sur son vélo. En avril 1985, il avait même été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour avoir tenté d’étrangler une automobiliste.

La famille de la victime n’a jamais cessé de croire en la culpabilité d’Yves Chatain

Mais depuis 36 ans, sa culpabilité ne fait aucun doute pour la famille de Marie-Thérèse Bonfanti, notamment pour un de ses frères. C’est lui qui est à l’origine de la réouverture de ce cold-case. Il avait envoyé en mars 2020 une longue lettre au procureur de la République de Grenoble détaillant un faisceau d’indices reliant la disparition de sa sœur à Yves Chatain.

Le mari de Marie-Thérèse Bonfanti est également convaincu depuis 36 ans de la culpabilité d’Yves Chatain, comme l’explique l’avocat de la famille Bonfanti, Me Bernard Boulloud.

Se pose maintenant la question de la prescription

Comme dans de nombreux cold-case, une longue bataille juridique s’entame à propos de la prescription des faits. Les infractions d’« enlèvement » et de « séquestration » sont des infractions en droit dites « continues », elles ne sont donc pas prescrites malgré les 36 années écoulées.

En revanche, si l’enquête – qui se poursuit – ne parvient pas à établir qu’il y a bien eu enlèvement et séquestration, ces infractions ne pourront plus être gardées comme chefs de mise en examen. Seule l’infraction pour « meurtre » sera conservée. Or, elle est classiquement prescrite au bout de 10 ans.

Le parquet de Grenoble a déjà annoncé qu’il allait soutenir l’argument juridique que les faits de meurtre ne sont pas prescrits. Plusieurs jurisprudences en ce sens ont déjà été prononcées.

[Article initial] La famille avait demandé au parquet de Grenoble de rouvrir ce cold case.

Coup de théâtre dans l’enquête sur la disparition de Marie-Thérèse Bonfanti. 36 ans après, le Dauphiné Libéré dévoile dans ses colonnes ce matin, jeudi 12 mai, qu’un suspect a été interpellé et mis en examen.

Pour rappel, cette femme de 25 ans avait disparu le 22 mai 1986 à Pontcharra alors qu’elle distribuait des journaux. La jeune femme s’était volatilisée, seule sa voiture avait été retrouvée non-loin de la gare. Rapidement, l’enquête avait été classée faute de preuve.

Une reprise des recherches à la demande de la famille

C’est en mai 2020 que cette affaire est revenue sur le devant de la scène. A la demande de la famille de Marie-Thérèse Bonfanti, le parquet de Grenoble avait décidé de rouvrir ce cold case avec l'ouverture d'une information judiciaire contre X au pôle d’instruction criminelle à Grenoble pour « enlèvement » et « séquestration ».

En juin dernier, une grande opération de recherche avait été lancée à un kilomètre aux alentours du lieu supposé de la disparition de la jeune femme de 25 ans. C’est finalement en début de semaine qu’un homme âgé aujourd’hui de 56 ans a été interpellé. Face aux enquêteurs, il aurait reconnu avoir enlevé et tué Marie-Thérèse Bonfanti.

Il s’agissait déjà du principal suspect en 1986 lors de la disparition. La voiture de Marie-Thérèse Bonfanti avait été retrouvé non-loin de sa maison. Il était âgé alors de 21 ans.

Par Thomas Bantchik